le thé pu’erh,
une histoire d’amour
millénaire

Marika de Vienne 0:19

Bienvenue à tous dans un mini-épisode spécial de Steeping Together, où nous explorons un sujet spécifique dans le vaste monde du thé avec un passionné de thé. Je suis Marika, votre animatrice obsédée par le thé, et j’ai hâte de me plonger dans le sujet d’aujourd’hui. Alors, le monde du thé pu’erh est vaste, et nous voulons dire énorme, ancien, parfois un peu effrayant. Cette façon très ancienne de produire du thé intrigue le monde depuis des siècles et continue de le captiver et de l’enchanter. Mais pourquoi? C’est la question que j’ai posée à notre invitée d’aujourd’hui, Kelly Miller. Voyons si nous pouvons percer le mystère de l’attrait et de la persistance des pu’erhs depuis plus de 3 000 ans dans un épisode de 20 minutes. Bienvenue, Kelly!

Kelly Miller 1:09

Salut. Pas de pression.

Marika

Pas de pression du tout. Exactement. Écoute, je ne vois personne de mieux que toi pour me rejoindre dans ce voyage très rapide, mais important. Tu veux juste te présenter très rapidement pour tous ceux qui auraient manqué ta précédente apparition?

Kelly Miller 1:28

Oui, c’est sûr. Je m’appelle Kelly, je travaille ici, chez Les Thés DAVIDsTEA, dans le service Recherche et développement. Je bois évidemment beaucoup de thé aromatisé. Mais je bois aussi beaucoup de thé classique et beaucoup de pu’erh.

Marika de Vienne 1:43

Exactement. Et c’est pour cette raison que je t’ai contactée spécifiquement, quand il s’est agi des sujets que nous avions pour ces mini-épisodes, l’un d’eux était le pu’erh. C’est l’une des formes de thé les plus intrigantes et, comme je l’ai dit, les plus anciennes de la planète. Et parmi toutes les personnes que je connais, tu es probablement celle qui boit du pu’erh le plus régulièrement, peut-être pas le plus en termes de quantité. Mais je te suis sur Instagram et je vois le pu’erh apparaître un peu plus que n’importe qui d’autre dans ce bureau. Et c’est pourquoi je t’ai demandé de te joindre à moi dans cette quête.

Kelly Miller 2:21

Oui. Quand tu as demandé, j’ai un peu hésité.

Marika

C’est un mot pour le dire.

Kelly

Je veux dire, je bois absolument beaucoup de pu’erh, tu as raison. J’en parle certainement assez souvent. Mais c’est une grande catégorie. Et il y a des gens qui étudient le pu’erh, et uniquement le pu’erh, en buvant exclusivement et en apprenant les subtilités et les nuances de ce type de thé depuis plus longtemps que je ne suis en vie.

Marika de Vienne 2:52

Excellent point.

Kelly Miller 2:55

Et donc c’est intimidant.

Marika de Vienne 2:57

Oui, c’est sûr. C’est vraiment intimidant. Et je comprends ta réticence. C’est la forme la plus ancienne de production de thé à notre connaissance. Elle est étudiée dans les universités du monde entier. C’est vraiment une lourde tâche que de demander à quiconque de discuter du pu’erh, certainement en 20 minutes, dans un bref récapitulatif de ce qu’est le pu’erh. Mais la question à laquelle je voulais répondre n’était pas nécessairement la méthode de production du pu’erh, sa place dans l’histoire économique de la Chine, comment il a été produit différemment au cours des 3 000 dernières années. La question que je me pose est la suivante : pourquoi est-ce toujours aussi populaire? Quel est son pouvoir de survie? Quelle est l’accroche? Quel est l’amour pour ce thé? Et pour répondre à cette question, oui, j’aurais probablement pu chercher un universitaire ou quelqu’un qui a étudié comme la teneur en eau du pu’erh à travers les âges. Mais je voulais vraiment parler à quelqu’un qui a pris le pu’erh à cœur et qui en a fait une partie, si ce n’est pas une routine quotidienne, certainement une routine hebdomadaire. Certainement quelque chose que tu bois beaucoup, parce que comprendre cette attraction, ce désir et cette appréciation est plus intéressant pour moi en ce moment que de l’étudier en tant qu’artefact culturel ou de toute autre manière. C’est donc pour cela que je t’ai demandé de venir et j’apprécie ton hésitation. Mais j’apprécie encore plus ton courage en disant « OK, très bien, je vais le faire! »

Kelly Miller 4:33

Nous allons nous en sortir.

Marika de Vienne 4:37

Nous allons nous en sortir. Nous ne sommes donc pas là pour donner une leçon d’histoire, mais nous devons en quelque sorte expliquer ce qu’est le thé pu’erh. Le thé pu’erh est donc fabriqué avec les feuilles de la plante Camellia sinensis, tout comme les thés blancs, verts, oolongs et noirs. Tout vient de là. Mais comme ce thé est fermenté, par opposition à l’oxydation comme ces autres types de thé, il a une saveur très particulière. C’est aussi le thé qui a été plus ou moins produit commercialement pour la première fois en Chine il y a 3 000 ans, peut-être même plus longtemps que cela très certainement, en raison de son processus. L’oxydation n’était pas utilisée il y a des milliers d’années, mais la fermentation oui. Et ce thé était ensuite emballé dans des galettes pour être plus facile à transporter sur la route du thé des chevaux, dans toute l’Asie. Et c’est ainsi que la plupart des gens ont consommé du thé pendant les premiers milliers d’années d’existence de cette boisson. C’est impressionnant de penser à l’impact que ce thé a eu et au fait qu’en Occident, il n’est devenu plus populaire, je dirais au cours des 15 dernières années. Avant, il y a 20 ans, on ne voyait pas vraiment de pu’erh. En tout cas en Amérique du Nord, personne n’avait vraiment la moindre idée de ce que c’était. Et maintenant, je pense que les gens commencent à s’habituer à son profil de saveur, à son histoire, à son impact culturel un peu plus.

Kelly Miller 6:07

Oui, sans entrer dans les détails, je pense encore une fois. Il y a eu comme l’éclatement de la bulle du marché du pu’erh qui s’est produit. Il s’agit d’un type de thé qui, historiquement, est très cher et qui est négocié de la même façon que les actions. Et je pense que c’était un obstacle pour beaucoup de gens en termes d’accessibilité et d’accès. Et il y a eu cette, on pourrait presque la comparer à une récession, où cette bulle a éclaté. Et pour la première fois, presque vraiment, en Amérique du Nord, c’est devenu quelque chose que tout le monde pouvait obtenir de manière accessible. Et je pense que c’est un facteur qui contribue énormément à la raison pour laquelle il est de plus en plus connu.

Marika de Vienne 6:56

Tout à fait vrai. Et il y avait aussi des lois en vigueur en Chine. Donc ce type de traitement de ce type de thé est originaire du Yunnan, en Chine, et est encore principalement produit dans le Yunnan, en Chine. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de productions dans différents pays ou régions productrices de thé en Chine, mais je pense que lorsque tu dis thé pu’erh, tu l’associes très directement à la province du Yunnan, où la plante Camellia sinensis a été initialement découverte, faute d’un meilleur terme. Il y avait de nombreuses lois en vigueur jusqu’à environ 1979, et certaines de ces lois sont toujours en vigueur en Chine, selon lesquelles le processus du thé pu’erh ne peut pas être divulgué aux personnes extérieures. La façon dont il est commercialisé ne peut pas être divulguée. Je veux dire, il y avait un... c’était un secret d’État, faute d’un meilleur terme, pendant une bonne partie du 20e siècle. Il y avait donc une raison pour laquelle, en Occident, nous n’y avions pas accès. Et maintenant, ça s’ouvre beaucoup plus et il y a beaucoup plus de gens qui s’y intéressent. Je pense qu’une autre raison pour laquelle il a fallu tant de temps pour s’imposer au palais des gens ici en Occident, c’est son profil de saveur. Donc comme nous l’avons dit, le thé pu’erh est fermenté, il y a deux catégories de base. Tu as le pu’erh shou et tu as le pu’erh sheng, essentiellement, l’un est plus cru et l’autre plus mûr. C’est une traduction directe de ces deux mots. La variété brute, la variété sheng est plus verte, plus astringente. Et j’ai toujours du mal à infuser les pu’erhs sheng, j’ai l’impression qu’ils sont très, très précoces et qu’ils ont besoin de beaucoup d’attention. La bonne température, le bon temps d’infusion, les bons accessoires d’infusion, mais ils donnent une version très rafraîchissante et intéressante du thé fermenté. Et puis tu as les plus mûrs. Les pu’erhs shou. Comment décrirais-tu la saveur, Kelly, d’un pu’erh de présentation? Si tu devais englober toute cette catégorie en quelques mots, que dirais-tu?

Kelly Miller 8:58

Dans les termes les plus simples, je pense que c’est un thé noir, mais plus terreux. Mais vraiment le pu’erh shou en tant que catégorie a beaucoup de notes plus profondes, plus lourdes, il est très fort et robuste. Je pense aux saveurs et aux arômes de la nature. Donc si tu t’imagines être dans une forêt, c’est cette odeur du sous-bois et de la mousse, des bois, des sols riches, du camphre des arbres, et bien que la saveur puisse absolument varier comme tout type de thé ou catégorie de thé, je pense que c’est le plus caractéristique.

Marika de Vienne 9:42

Je suis d’accord avec cette description. Pour moi, ça a toujours été, parce que les pu’erhs shou, la façon dont ils les produisent – et je vais donner un synopsis, un instantané très rapide de ce processus – est essentiellement que les feuilles qui sont cueillies sont assez matures sur la plante, selon le type de pu’erh shou que tu veux faire. Ce ne sont pas forcément de jeunes bourgeons, elles ont quelques mois devant elles. Ensuite, elles sont littéralement mises en tas et on leur ajoute de l’humidité supplémentaire, que ce soit par de l’eau, un arrosage, il existe de nombreux procédés différents. Puis on les recouvre ou on les met dans des récipients et on les laisse se composter. Essentiellement, ce dont nous parlons est une forme de compostage. Et selon le type de pu’erh shou que tu veux faire, peut-être que tu fais ça pendant quelques heures, peut-être que tu fais ça pendant quelques jours, mais tu le retournes toujours et tu ajoutes plus d’humidité, et ensuite tu arrêtes le processus de fermentation soit en appliquant de la chaleur, soit en le pressant dans des briques. Beaucoup de thés pu’erhs sont présentés sous forme de galettes. De grands disques compacts de thé.

Kelly

Pense au frisbee.

Marika

Oui, c’est un frisbee. Tu as raison, tu as totalement raison. Il ressemble à un frisbee. Je veux dire, tu peux aussi le trouver sous la forme d’une véritable brique. Tu peux le trouver compressé en boules. Il existe de nombreuses façons différentes de compresser ces pu’erhs et les pu’erh sheng se trouvent aussi compressés que les pu’erh shou. Mais cette étape qui consiste à mouiller les feuilles et à laisser le thé se composter te donne vraiment cette sensation de marcher dans une forêt et de sentir tout le bois humide. Et c’est si bon. Tellement bon. Mais c’est un goût acquis. J’ai donc vécu au Yunnan pendant trois ans. J’ai bu – j’ai bu tellement de pu’erhs que tu n’as pas idée. J’ai adoré ça pendant que j’étais là-bas. J’ai apprécié la variété et les différentes saveurs. Mais je dois admettre qu’à mon retour en Amérique du Nord, c’est probablement, après le thé blanc, le thé que je bois le moins, de toutes les catégories de thé qui existent. D’après toi, quelle est sa longévité? Parce que pour moi, je l’associe à une époque, un lieu et un accès à une variété que je n’ai plus en vivant en Amérique du Nord. À quoi attribues-tu la persistance des pu’erhs?

Kelly Miller 12:01

Je ne pense vraiment pas qu’il s’agisse d’une seule chose. Je veux dire que, personnellement, mon voyage avec le pu’erh a été tout sauf linéaire. J’ai essayé presque tous les autres types de thé que tu peux imaginer avant de me décider à essayer le pu’erh. C’était effrayant. C’était le type de thé que je me sentais le plus intimidée d’essayer et le moins équipée pour l’apprécier. Et quand je l’ai essayé, je n’ai pas aimé. Et alors je me suis sentie « pas à la hauteur » ou tu sais, peut-être qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas chez moi pour ne pas comprendre ce type de thé. Et il a fallu une longue période d’essais lents pour arriver à un point où mon palais acceptait la saveur, puis avait envie de cette saveur et la tolérait. Mais ce qui était vraiment important, je pense, c’est que je ne m’y suis pas poussée, je n’ai pas essayé de me forcer à l’apprécier. J’avais la curiosité et j’étais intriguée, et je connais l’étendue de la saveur offerte par le pu’erh. J’ai donc continué à le revisiter. Mais je ne recommanderais vraiment, vraiment pas à quiconque de le boire juste pour le plaisir de le boire, si tu n’aimes pas, si tu n’aimes pas ce que tu fais.

Marika de Vienne 13:17

Ne te force pas! Et je pense que, ironiquement, je ne sais pas vraiment ce qu’il en est de la conversation en termes de bienfaits pour la santé associés au pu’erh au Canada. Mais quand je vivais en Chine, et c’est vers 2008, 2009, au plus fort des achats de pu’erh en Chine même, il était commercialisé comme le booster de métabolisme numéro un absolu. Tu allais perdre du poids, tu allais rayonner de l’intérieur. Et cela a attiré beaucoup de gens en Chine sur le marché intérieur pour acheter du pu’erh. Maintenant, je vous préviens, nous ne sommes pas médecins, je ne recommande jamais le thé pour quoi que ce soit concernant la santé. Je dirai de façon anecdotique que je bois du pu’erh tous les jours, plusieurs tasses par jour depuis trois ans, et que je suis restée aussi voluptueuse que jamais. Je n’ai jamais perdu un kilo! Je ne veux pas dire que ce thé n’est pas bon pour vous. Mais je pense qu’il est beaucoup commercialisé comme un thé santé, un thé à boire pour la santé. Et comme tu le dis, les gens insistent pour le boire parce qu’il va les rendre plus sains, mais il ne les rend certainement pas plus heureux et c’est bien dommage.

Kelly Miller 14:32

Alors quand j’ai finalement commencé à boire du pu’erh beaucoup plus régulièrement et que j’en suis arrivée à un point où je voulais investir dans des galettes et pas seulement des échantillons ou des choses que j’obtenais d’amis et d’échanges ou tu sais, quand ils étaient disponibles. Pour moi, c’était le pu’erh shou et je pense que c’est très logique, car à part le pu’erh, le type de thé que je bois le plus est le thé noir. Et donc c’était juste un pont très naturel pour moi. J’aime toujours absolument le thé noir, il y en a beaucoup qui font partie de ma routine quotidienne, de ma routine hebdomadaire, qui feront toujours partie de cette rotation de thé. Mais il y a quelque chose à dire sur la façon dont le thé noir perd son goût avec le temps, il se périme, comme tout autre thé. Il n’est pas périmé, mais il perd simplement de sa fraîcheur avec le temps. Le pu’erh ne fait pas ça, le pu’erh vieillit avec le temps, et donc soit il conserve sa saveur, soit il change et développe des saveurs de façon nouvelle. Et ça me plaisait, je pouvais acheter plus de pu’erh et je ne devais pas forcément m’inquiéter de le boire super rapidement. Ou tu sais, je suis une personne qui est intriguée et attirée par la diversité des saveurs. Et il y a quelque chose de magique dans l’idée d’acheter quelque chose à un moment donné, et de pouvoir observer son évolution au fil du temps. Et grandir avec cette évolution et avoir ton palais, tu sais, qui reflète et change avec ça. Cela m’a beaucoup parlé. Il y a aussi le facteur terreux. Je suis super introvertie, et je connais beaucoup d’autres personnes qui le sont aussi. Et il y a quelque chose d’agréable à prendre un verre ou une boisson comme un pu’erh shou qui a toutes ces notes riches de terre et de bois et des choses qui te rappellent que tu es dans la nature et que tu peux ramener ça à l’intérieur avec toi. Je trouve personnellement cela très méditatif. Et c’est devenu pour moi une façon de prendre soin de moi, et juste un moment d’ancrage que je peux intégrer dans ma semaine chaque semaine.

Marika de Vienne 16:48

Ouais, j’aime vraiment comment le thé a fait ça pour toi, surtout que je veux dire, je sais que tu infuses ton pu’erh de différentes manières. Tu le fais infuser dans un infuseur. Je ne sais pas si je t’ai déjà vu faire une théière de pu’erh, mais je t’ai certainement vu faire un Gong Fu ou un Yi Xing de ce thé, la préparation et la méthode et puis aussi les saveurs que tu décris d’être dans la nature, d’être plus ancrée. Tout cela crée un très beau moment et un très beau cadeau que tu peux t’offrir. L’autre chose que tu as dite, qui est vraiment importante à noter, c’est que le pu’erh, du moins certains pu’erhs, peut être vieilli exactement de la même manière que l’on ferait vieillir un vin rouge, tu peux le garder pendant plusieurs années. Et juste un petit truc pour tous ceux qui iront à un mariage cet été, mon cadeau préféré à offrir à un nouveau couple est un pu’erh de l’année de leur mariage et dans la carte, leur dire que chaque année, à leur anniversaire, ils devraient se faire une tasse de thé pu’erh et voir comment le thé a changé et évolué avec le temps, tout comme leur relation. C’est une façon fantastiquement bon marché d’être extrêmement romantique!

Kelly Miller 18:04

Je pense que cela en dira long sur le genre d’amis que nous avons, toi et moi. Mais un de mes amis a récemment, je suppose que ce n’est pas récent, mais ils ont commandé des pressages de pu’erh spécialement pour eux pour leur mariage. Ils ont donc acheté un tong-tong dans ce cas, c’est une autre façon de dire comme une série de galettes. Donc si, tu sais, ta galette est essentiellement un frisbee, imagine ça dans ta tête, un tong serait cinq frisbees.

Marika de Vienne 18:35

Oui, et c’est une unité de mesure. C’est l’ancienne unité de mesure du poids en Chine et oui, un tong, c’est cinq galettes de pu’erh généralement enveloppées dans, je veux dire dans une feuille de bambou, c’est ça? Une feuille de bambou.

Kelly Miller 18:49

Une feuille de bambou, oui. Et ils se sont donc commandé cela pour eux-mêmes afin d’avoir ce pu’erh de mariage à boire ensemble pour le reste de leur vie.

Marika de Vienne 18:57

C’est vrai, je veux dire que nos amis sont définitivement plus du côté des buveurs de thé, mais je l’ai aussi proposé aux couples ou autres buveurs de café dans ma vie et ils semblent beaucoup l’apprécier. Quels conseils Kelly, as-tu pour les personnes intéressées à essayer le thé pu’erh parce que, et je dis conseils non pas en termes de saveurs à rechercher, mais il y a une méthode d’infusion particulière, il y a quelques astuces dont je pense qu’il faut s’armer avant de plonger complètement dans le monde du pu’erh parce que je pense que nous sommes habitués aux thés en feuilles ou aux sachets de thé. Mais que faire si tu es, tu te retrouves face à une brique, genre par où commencer? Quels sont les conseils que tu donnerais à quelqu’un pour qu’il puisse surmonter ces obstacles initiaux et décider par lui-même s’il aime ou non cette saveur?

Kelly Miller 19:46

Eh bien, en fait, je pense que la saveur est quelque chose que tu dois d’abord garder à l’esprit, ironiquement, pour aller un peu à l’encontre de cela. Pense dans ta tête, en tant que consommateur, vers quel type de thé es-tu naturellement plus attiré? Est-ce que ce sont les thés noirs, les thés verts ou les oolongs plus légers? Je pense que c’est un très bon point de repère parce que pour moi, c’était les thés noirs et il était donc logique que le point d’accès le plus facile soit le pu’erh shou qui est un peu plus proche et plus savoureux que le thé noir. Je ne bois pas beaucoup de thé vert et donc bien sûr quand j’ai commencé à essayer les pu’erhs et que j’essayais le pu’erh sheng, ça ne m’attirait pas parce qu’il est beaucoup plus directement comparable au thé vert. Mais si tu es un buveur de thé vert, le pu’erh sheng n’est peut-être pas le bon endroit pour commencer. Tu pourrais vouloir aller à l’autre bout du spectre.

Marika de Vienne 20:38

C’est un excellent point.

Kelly Miller 20:39

Je pense donc que la saveur doit être prise en compte. Essaie quelque chose de plus proche de ce que tu bois déjà. Une autre façon plus facile de s’y mettre est d’essayer d’abord un pu’erh aromatisé. Je sais que pour certaines personnes, cette idée semble blasphématoire! Alors que Marika me regarde comme si j’étais...

Marika de Vienne 21:01

Je m’en remets à ton expertise et à ton expérience et je garderai mon opinion pour moi.

Kelly Miller 21:10

Tu m’as lancé un regard comme si j’avais donné un coup de pied à un chiot.

Marika de Vienne 21:13

Non! Écoute, je pense que tu as tout à fait raison. Je pense que pour une passerelle ou un point d’entrée, un grand nombre de bases de thé sont aromatisées. Je pense que beaucoup de gens commencent à boire du thé noir parce qu’ils ont grandi en buvant de l’Earl Grey. Je pense que beaucoup de gens commencent à boire du thé vert parce qu’ils ont une affinité avec les thés au jasmin. Il ne faut pas cacher ou ignorer le fait que les thés aromatisés te permettent d’apprécier une base plus tard. Comme nous nous sommes déjà dit, j’ai commencé exclusivement avec des thés classiques en grandissant. C’est donc très difficile pour moi d’entendre que tu devrais commencer par un pu’erh aromatisé. Mais je te laisse continuer.

Kelly Miller 21:48

Je veux juste dire que si l’idée de boire quelque chose qui a un goût de terre ou de bois n’est pas attrayante pour toi. Et je pense que c’est juste parce que c’est peu attrayant pour beaucoup de gens, quand on lance des mots comme fermenté ou compost ou même des choses comme camphre, dont je pense que beaucoup de gens ne savent même pas ce que ce mot signifie. Et en réalité, c’est que, comme le sentiment – je pense qu’une menthe poivrée très forte est très camphrée.

Marika de Vienne 22:14

Je pense toujours au Vick’s Vaporub. Quand je pense à... quand j’explique le camphre, c’est comme cette première inhalation après que tu l’aies étalé sur ta poitrine. C’est ça le camphre.

Kelly Miller 22:22

Alors quand on lance des mots comme ça, qui ne sont pas familiers ou qui n’ont pas l’air attrayants, ça peut vraiment être un bon pont d’essayer d’abord quelque chose d’aromatisé pour que tu l’associes au moins avec quelque chose que tu sais que tu aimes ou qui est familier, et tu t’habitues en quelque sorte à ça et tu obtiens une base de référence pour savoir si tu es comme prêt à plonger dans cette zone. Parce que ça peut être trop. C’était trop pour moi quand j’ai essayé pour la première fois, et je suis contente d’y être retournée. Mais si quelqu’un m’avait arraché ce pansement au départ comme ça, je pense que je n’y serais pas retournée forcément.

Marika de Vienne 23:04

Bien, d’accord, d’accord. Et je pense qu’une autre chose à mentionner est que, personnellement, je ne recommanderais pas de commencer avec une brique de pu’erh, ne serait-ce que parce que c’est une grande quantité de thé. Nous parlons d’environ 357 grammes par disque de pu’erh traditionnel. Et puis tu as besoin d’un outil unique et intéressant pour casser cette brique. Maintenant, ce n’est pas cher. C’est juste qu’on ne le trouve pas au magasin du coin.

Kelly Miller 23:31

Oui, ce serait donc l’autre série de conseils. Bon, une fois que nous avons dépassé le stade de la saveur, comment fais-tu pour préparer ton pu’erh? Je te recommanderais honnêtement d’acheter des échantillons ou je pense qu’un autre moyen vraiment accessible de t’initier au pu’erh – sheng ou shou – est de chercher des choses appelées tuo chas. Les tuo chas sont essentiellement comme une petite version de ce gâteau ou de cette brique. Et ils peuvent avoir plusieurs formes différentes. La forme traditionnelle est presque comme un cylindre avec une petite fente à l’intérieur. Mais il y a aussi les pièces de monnaie. Pense à une pièce de monnaie recouverte de chocolat et remplace-la par du thé. C’est comme la taille et la largeur dont nous parlons. Ou les balles de dragon, qui sont une version ronde de ces balles, plus petites qu’une balle de ping-pong, mais de cette taille. Et cela peut être de très bons points parce qu’ils sont déjà pré-mesurés pour toi, quelque chose de cette taille convient généralement pour une théière, un style occidental comme une grande théière. Ce sera parfait. Si tu ne veux pas faire une théière, tu peux, comme les pièces de monnaie qui sont très bien parce que tu les coupes en deux.

Marika de Vienne 24:51

Oui et assure-toi juste que les pièces ne sont pas décoratives parce qu’ils font des pièces de thé décoratives avec une laque de peinture spéciale dessus. Tu ne veux pas faire infuser ça. Alors, assure-toi que ce ne sont pas les jolies pièces. C’est juste une forme de pièce de monnaie, pas une pièce de monnaie pressée, si cela a un sens.

Kelly

Bon point.

Marika

Alors oui, opte pour tes petites quantités, ce qui est quelque chose que tu as recommandé dans ton précédent épisode sur comment acheter des thés en ligne. Va vers des thés, des pu’erhs qui sont déjà compressés en plus petites quantités. Je pense qu’il est important de le noter, car ces tuo chas, comme tu le dis, sont compressés, et tu peux les mettre dans une théière. Qu’en est-il du rinçage de Kelly? Je pense que nous devons parler du rinçage.

Kelly Miller 25:35

Le rinçage est un sujet controversé, car tout le monde ne veut pas le faire. Et c’est aussi une autre chose que tu fais avec la plupart des types de thé. Un rinçage consiste essentiellement à faire couler de l’eau chaude sur ta feuille de thé, à la laisser reposer pendant quelques secondes, le temps varie certainement d’une personne à l’autre. J’ai vu des durées allant de cinq secondes à une minute. Quand je rince, je suis personnellement plus proche de la marque des cinq secondes, je dirais que cinq à 20 secondes sont mon point idéal. Personnellement, je ne veux pas perdre beaucoup de saveur. Mais tu veux vraiment ouvrir ces feuilles. Parce qu’elles sont comprimées et plus serrées. Tu dois leur donner...

Marika de Vienne 26:22

De l’espace pour, de l’espace pour respirer, tu veux vraiment les laisser s’ouvrir un peu et cela va donner à ton thé un corps supplémentaire, un peu plus de saveur. Oui, quand j’étais au Yunnan, j’ai toujours vu des thés compressés et des pu’erhs généralement rincés. C’est la tradition là-bas, sans dire que tout le monde y adhère. Mais après trois ans, j’ai vu quelques personnes préparer quelques tasses et je n’ai jamais vu personne ne pas rincer son pu’erh. Mais honnêtement, c’était comme trois secondes, c’était juste assez pour que les feuilles s’ouvrent et ensuite faire une infusion. Et puis refaire l’infusion d’un pu’erh, c’est là que tu, je pense que tu peux décider de la durée de ton rinçage parce qu’à chaque fois que tu finis ta théière ou que tu finis ta tasse de pu’erh, c’est une de ces bases de thé qui est extrêmement généreuse, peut te donner une autre tasse, peut te donner une autre infusion, et chaque infusion est unique et différente. C’est ce que j’aime dans ce thé.

Kelly Miller 27:15

Absolument. Tu peux même faire la méthode d’infusion traditionnelle qui serait le Gong Fu Cha. Mais tu peux en faire une version modifiée si tu te sens intimidé par l’infusion Gong Fu Cha. Si tu n’as pas nécessairement tout l’équipement traditionnel, un moyen vraiment génial est de prendre une Tasse Nordic et de mettre ton pu’erh dans ton infuseur. Et utilise ça comme ta méthode rapide pour retirer les feuilles de thé. Tu peux utiliser le couvercle, il fera office de sous-verre. Et nous le faisons tout le temps dans le laboratoire de thé où nous faisons cette version modifiée de l’infusion Gong Fu Cha où nous le faisons directement dans la tasse et retirons les feuilles de thé plus rapidement. Tu peux expérimenter avec le temps, mais tu sais, si c’est la première fois que tu t’amuses avec ça, 30 secondes d’intervalle ne sont pas un mauvais point de départ. Ou 15 secondes, tu vas vraiment chercher plus de feuilles que la normale, avec beaucoup moins de temps.

Marika de Vienne 28:12

Eh bien, Kelly, tu sais, nous avons dit que cela allait durer 20 minutes, nous avons déjà dépassé ce temps parce que c’est juste une catégorie et une famille de thé qui est juste tellement énorme comme nous l’avons dit, et il y a tellement à explorer. J’ai littéralement quatre autres questions que je voulais te poser. Je vais mettre une épingle dessus. Peut-être que plus tard, nous ferons la deuxième partie sur le pu’erh, nous verrons. Mais je tiens vraiment à te remercier d’avoir pris le temps d’en discuter avec moi, car c’est un sujet fascinant. C’est un sujet dont toi et moi avons déjà discuté plusieurs fois. Et je veux juste ouvrir la conversation à plus de questions et plus de réponses.

Kelly Miller 28:47

Oui, c’est sûr. Merci de me recevoir. J’espère que si les gens ont des questions spécifiques, ils nous le feront savoir à l’aide de l’adresse courriel du balado. Je pense que tout le monde dans notre service Thé est ravi de parler de n’importe quel thé, mais vraiment démystifier celui-là qui est si intimidant pour tant de gens. C’est quelque chose qui vaut vraiment la peine qu’on y consacre tout notre temps.

Marika de Vienne 29:11

Absolument, alors merci à tous ceux qui ont écouté le mini-épisode d’aujourd’hui et Kelly encore une fois, merci. Et comme tu l’as dit, si vous voulez nous joindre pour nous faire part de vos commentaires, de vos questions ou de vos sujets pour un autre mini-épisode, vous pouvez le faire à l’adresse steeping.together@davidstea.com, ou sur notre site Web davidstea.com. Passez une excellente semaine et bonne infusion tout le monde.